On associe souvent, un peu vite, Toulouse, à la périphrase « Toulouse, ville rose », en référence à ses briques orangées. Toutefois, si on se penche un peu plus en détail, sur l’Histoire de cette cité, l’on pourrait avancer que la couleur qui a fait la gloire et a donné les contours à cette ville est bien plus le bleu que le rose. Quelques explications ….
Pour illustrer cette Histoire oubliée, quoi de mieux que de se pencher, une nouvelle fois, sur les bavardes pierres de demeures toulousaines. Qui s’est déjà promené dans les ruelles ombragées de la ville ne peut être passé à côté des nombreux hôtels particuliers qui sont égrainés, un peu partout, dans la ville rose. Les plus connus étant, l’hôtel d’Azézat, dont on peut admirer la cour intérieure ou le porche de l’hôtel de Bernuy qui accueille aujourd’hui le collège de Fermat, mais l’on pourrait également évoquer l’hôtel du Vieux-Raisin, situé aux Carmes.
Si ces édifices n’ont rien d’une découverte, leur histoire est, en revanche, souvent plus méconnue. En effet, tous ces édifices sont sortis de terre, à l’époque de la Renaissance comme en témoigne leur façade.

Bien que la ville dispose, dès le Moyen-Âge, de lieux de pèlerinages importants qui lui garantissent des entrées financières confortables, comme la basilique Saint-Sernin ou l’église des Jacobins (dont nous avons déjà parlé dans notre article « Toulouse des pierres à l’Histoire »), rien ne peut justifier l’effervescence économique que semble connaître la ville, à la Renaissance. comment expliquer, qu’au XVI ème siècle, les hôtels particuliers se mettent à pousser, comme des champignons ?
En réalité, la ville connaît un essor économique, sans précédent grâce au commerce du pastel. Une plante cultivée dans la région qui permet de colorer, en bleu, les étoffes précieuses. Les sols autour de la région toulousaine sont particulièrement propice à sa culture et c’est ainsi que Toulouse devient la capitale de l’or bleu, qui est échangé et vendu partout en Europe et en Orient. Ce commerce florissant connaît finalement un déclin au milieu XVI ème siècle, avec l’arrivée de l’indigo, depuis les Indes qui est moins coûteux et qui le remplace peu à peu.

C’est cette culture qui est à l’origine de l’expression « pays de cocagne », pour désigner une région imaginaire, sorte de paradis terrestre où l’abondance serait le maître mot, car la cocagne désigne la boule de pastel (c’est-à-dire de plantes concassées) que l’on faisait sécher au soleil, avant de pouvoir en tirer le précieux pigment bleu.
C’est par ce commerce que Jean de Bernuy, un marchand espagnol, fait fortune et installe son hôtel particulier en plein cœur de Toulouse. L’hôtel est conçu en 1504 et 1535, en deux campagnes de construction successives. La plus remarquable est certainement celle menée par l’architecte Louis Privat, durant laquelle est édifiée une superbe voûte à caissons, qui n’est pas sans rappeler ceux du château de Chambord. Malheureusement, cette cour est quasiment inaccessible car à l’intérieur du collège de Fermat.

Vues des cours intérieures de l’hôtel de Bernuy, issues du site des monuments de Toulouse